Malula

 

 

 

 

 

 

5/8 : Maialen : fourmi pédagogique O.H

 

 

Jeune couturière qui débute sur les marchés, Maialen a déjà analysé la clientèle potentielle. « L’été, les touristes recherchent autre chose que ce que l’on propose aux locaux sur notre stand le reste de l’année. Les marchés nous font connaitre des habitués dont le ressenti nous aide à développer, à ajuster un modèle en fonction de leurs réactions, de leurs demandes de taille, de couleurs.» précise-t-elle. A Ispoure, le marché de Noël présente une sélection de créations de qualité où les couturières d’O.H retrouvent une clientèle fidèle. Cette année, Maialen et sa collègue ont vendu des bavoirs, des kits de naissance, des attrapes-rêves, des coussins, des bandeaux pour cheveux et des berlingots de lavande. Les coopératrices d’O.H participent à une dizaine de marchés durant les périodes de Noël et estivale. 

 

 

 « Enfant, j’étais très manuelle. Mais plus tard, naturellement, j’ai fais un autre choix. » se souvient-elle. Après de longues études universitaires en anthropologie, elle obtient un CAP couture en septembre 2017 et rejoint O.H dans la foulée. Maialen y réalise ses rêves de couture à travers de nombreux ateliers hebdomadaires notamment auprès d’enfants de 5 à 10 ans au sein des ikastola (écoles immersives en langue basque) de Mendionde, Biarritz et Bayonne, d’Anglet et d’Itxassou. Parmi la récupération provenant d’O.H, les élèves choisissent des tissus. Aujourd’hui, le programme est la découpe de bandes de textile et leurs nouages autour  d’un cintre en métal arrondi afin de créer des couronnes de décoration de Noël. Une petite fille s’étonne de cette transformation : « Elle est trop jolie cette robe. Elle est pour moi, quand je serai plus grande. » s’exclame-t-elle. « Regarde, y’a des trous partout. Tu peux faire un déguisement de sorcière avec et faire peur aux garçons. » taquine sa voisine. « Des garçons, y’en a pas beaucoup dans l’atelier couture ! » remarque une autre. « Ils aiment pas le rose. Ils disent que c’est pour les filles. Mais les chemises roses, ça existe pour les garçons !» s’amuse une élève en furetant dans un sac. Ces petites filles, peu ou pas encore conditionnées par ce type de différenciation identitaire, cousent  des matières de toutes les couleurs. Le rouge et le vert sont traditionnellement élus pour leurs couronnes de Noël du jour. Elles butinent les conseils de la couturière-professeur, puis prennent leur envol. « Les enfants dissipés se révèlent souvent les plus doués en couture. » observe Maielen. Au rythme de leurs ciseaux, les élèves chantent gaiement en basque. En français, chaque semaine, la couturière anime également des ateliers pour adultes le soir dans les locaux d’O.H. On y parle technique. Tissus, aiguilles, fils, ciseaux, machines à coudre, tout le matériel est fourni sur place. La plupart des élèves sont des femmes, débutantes de 30 à 60 ans. Certaines y viennent avec une demande très précise, un projet non-abouti jusqu’ici. La jeune couturière consacre une journée par semaine à sa maison de couture où elle tient la boutique, la friperie, participe au tri, affiche sur internet les dates O.H à ne pas manquer. 

Elle pratique aussi une nouvelle récupération, celle de vêtements invendables des marques médiatisées. A partir de leur transformation, Maialen co-anime bénévolement des ateliers de fabrication de prototypes tels que des cache pots en tissu de salle de bain, des sacoches de vélo pour l’association Recycl’arte, partenaire de O.H. Elle tisse des liens entre ses différentes activités passées et actuelles, renouvelle la couture à sa façon notamment par sa réflexion sur la fabrication des vêtements de marques. « Depuis le début de ma coopération à O.H, je me pose de plus en plus de questions à ce sujet. D’où proviennent les tissus de confection? Comment sont-ils fabriqués ? Où et par qui ? Le travail des enfants dans l’industrie textile peut-il cesser ? » remarque-t-elle. Dans les coulisses du vêtement, la mondialisation. De quoi sensibiliser ses jeunes élèves des ateliers de couture des ikastola, qui négocient souvent ou imposent parfois leur choix d’achat de marques à leurs parents. Seul le changement de nos comportements fera évoluer la consommation actuelle et à venir.Vaste sujet, que cette fourmi pédagogue envisage de développer grâce à ses expériences de créations de modèles ethniques brodées au Pérou en commerce équitable, de coopération à O.H et de bénévolat à Recycl’arte.